Résistant, déporté, diplomate et poète, Stéphane Hessel s’en est allé le 27 février 2013, à 95 ans.
Je
connaissais bien sûr Stéphane Hessel depuis des années. Mais j’ai eu la
chance de travailler plus étroitement avec lui depuis 2010. À l’époque,
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice et Garde des Sceaux,
menaçait de traîner devant les tribunaux les militants appelant au
boycott des produits des colonies israéliennes. Et lui même avait été
mis en cause.
Nous
lui rendîmes donc visite pour lui proposer de lancer une pétition de
« solidarité avec Stéphane Hessel et toutes les victimes de la
répression ». Il n’hésita pas un instant. « Si mon nom peut protéger des
artisans de la paix, allons-y ! » Or son manifeste Indignez-vous ! se
vendait alors à des centaines de milliers d’exemplaires. L’appel eut un
tel succès qu’il contribua décisivement à faire échec à cette opération
répressive.
C’est
au cours de cette bataille que se déroula un événement peu ordinaire.
Sous pression, la directrice de l’École nationale supérieure de la rue
d’Ulm avait interdit une conférence-débat avec Stéphane et plusieurs
invités israéliens et palestiniens. Cette décision liberticide fit
scandale. Résultat : le jour prévu, Stéphane s’adressa à plus de 1 500
personnes rassemblées, malgré le froid et la pluie, place du Panthéon.
Stéphane
avait la Palestine au cœur, comme il avait au cœur toutes les causes
des peuples. Rien d’humain ne lui était étranger, des sans-papiers au
développement de l’Afrique. C’est pourquoi le courant passait si bien
entre lui et les jeunes. Évitant toute langue de bois, il les appelait à
s’indigner et à lutter pour des valeurs qui en vaillent la peine. Quel
contraste avec la classe politico-médiatique !
Son
humanisme, il l’exprimait aussi dans son amour de la poésie. J’ai le
souvenir d’un moment magique. Nous lui avions offert à Noël une
anthologie bilingue de la poésie allemande. Il ouvrait le volume,
repérait un titre, puis refermait la Pléiade pour réciter le poème en
question, en français ou en allemand. Il connaissait par cœur des
dizaines, des centaines de poèmes. Adieu, Stéphane !
Dominique Vidal.
Nessun commento:
Posta un commento