ENTRETIEN
AVEC UN JEUNE SPECTATEUR
LE SPECTATEUR : Certains ont dit qu’à la fin
la pièce n’est pas tout à fait juste, parce qu’elle termine sur le fait que la
cantinière, en dépit des malheurs qu’elle a eus, n’a rien appris.
L’ÉCRIVAIN DE THÉÂTRE : Regarde autour de toi ;
il y a assez de gens auxquels la guerre a apporté le malheur. Combien d’entre
eux ont-ils appris quelque chose ? Je veux dire : appris eux-mêmes,
sans aide, comme la Courage le devrait ?
LE SPECTATEUR : Tu veux dire que tu entends
simplement montrer la vérité ?
L’ÉCRIVAIN DE THÉÂTRE : Oui, la Guerre de
trente ans est l’une des premières guerres gigantesques que le capitalisme a attirées
sur l’Europe. Et, dans le capitalisme, pour l’isolé, que la guerre ne soit pas
nécessaire, c’est monstrueusement difficile, car, dans le capitalisme, elle est
nécessaire, c’est-à-dire pour le capitalisme. Ce système économique repose sur
la lutte de tous contre tous, des grands contre les grands, des grands contre
les petits, des petits contre les petits. Il faudrait donc déjà reconnaître que
le capitalisme est un malheur, pour reconnaitre que la guerre apportant le
malheur est mauvaise, c’est-à-dire inutile.
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