Attaque de l’armée israélienne et arrestations
au Freedom Theatre de Jénine
Le théâtre palestinien en danger
Madame, Monsieur,
Nous, Les Amis du Théâtre de la Liberté, soutenons le Freedom Théâtre du camp de réfugiés de Jénine qui promeut « la puissance de la culture contre la culture de puissance » (Edouard Saïd). Ce théâtre a fait d’un lieu d’exclusion un espace de liberté. Un espace où la parole reprenait ses droits et où la jeunesse palestinienne s’exprimait librement et s’expérimentait à l’art théâtral.
Depuis sa création en 2006, nous participons financièrement à son fonctionnement et intervenons pour faire valoir ses créations artistiques afin que celles-ci soient programmées « hors les murs ».
C’est à ce titre que nous avons organisé et réalisé cette année une tournée du Freedom Theatre en France. Il y a vingt jours encore, une troupe de huit jeunes acteurs achevait leur tournée, lors de laquelle elle a joué « Sho Kman – Et quoi encore ? ». Cette pièce met en scène de façon tragique et artistique les dangers et la violence auxquels est confrontée une jeunesse qui vit sous occupation. Après l’assassinat de Juliano Mer Khamis, directeur et fondateur de ce théâtre, le public et les jeunes acteurs ont retrouvé l’espoir d’un avenir pour le Freedom Theatre
Or, au matin du 27 Juillet à 3 h 30, une attaque criminelle contre ce lieu culturel a eu lieu par un commando de cinquante soldats israéliens cagoulés. Adnan Naghnaghiye, régisseur général des lieux, et Bilal Saadi, membre du Conseil d’administration, ont été arrêtés et sont actuellement en détention dans les prisons de haute sécurité de Jalame et Meggiddo à l’intérieur du territoire israélien.
Le service de sécurité israélien a décrété leur détention administrative (procédure illégale au regard du droit international) qui bafoue la quatrième convention de Genève. A ce jour, ils n’ont pu rencontrer leur avocate, Smadar Ben-Natan. La raison donnée par l’armée israélienne est que les détenus ont « agi contre la sécurité de la région », ce qui est une accusation arbitraire. Nous nous étonnons de cet argument fallacieux. Ces responsables du théâtre ont été arrêtés en Cisjordanie et ce, en présence du Directeur par intérim, Jacob Gough, et Jonatan Stanczak, co-fondateur du Freedom Theatre.
Amnesty International décrit la détention administrative en Israël comme : " ….une procédure permettant de maintenir des détenus en prison sans chef d’inculpation. Aucun chef d’inculpation n’est posé, et il n’y a aucune intention de juger le détenu. L’ordre de détention condamne le détenu à une période spécifique d’emprisonnement. Avant, ou à l’expiration de celui-ci, il peut être renouvelé et ce indéfiniment…."
Selon, l’ONG Addameer, une organisation des droits de l’homme palestinienne de soutien aux prisonniers, le premier paragraphe du dernier décret militaire israélien précise : "Si un commandant militaire estime qu’il est nécessaire d’emprisonner une personne pour des raisons de sécurité, il ne peut le faire pour une période excédant 6 mois, après quoi il a le droit de renouveler la détention pour une période de six mois conformément au décret original. La décision relative à la détention administrative peut être prise sans que soit nécessaire la présence du détenu…"
L’ONG B’Tselem (centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés) déclare que « Les autorités utilisent la détention administrative en tant qu’alternative rapide et efficace au procès criminel, principalement quand elles n’ont pas de preuves suffisantes pour accuser l’individu ».
C’est pourquoi, nous vous demandons d’intervenir auprès des autorités israéliennes et/ou françaises pour obtenir la libération immédiate d’Adnan Naghnaghiye, de Bilal Saadi et de Rami Awni Hwayel, étudiant de 20 ans de l’Acting School du Freedom Theatre, dont nous venons d’apprendre l’arrestation à un checkpoint le 06 août 2011.
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Les Amis du Théâtre de la Liberté
Paris, le 08 août 2011
theatrejenine@yahoo.fr
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