giovedì 21 maggio 2015

Mauser



Cette représentation du Mauser de Heiner Müller est la suite d'un atelier de trois semaines mené à l'Académie Théâtrale de l'Union de Limoges. Le texte de Müller reprend un épisode du roman de Cholokhov, Le Don paisible. Un soldat de la révolution, dont la mission consiste à tuer des ennemis de la révolution, devient lui-même un ennemi de la révolution, parce qu'il ne peut se libérer de l'effroi de tuer-aussi des innocents- qu'en prenant lui-même du plaisir à tuer, en transformant les exécutions en massacres. Il doit être tué et doit accepter sa propre mort. Le texte démonte la formule de la révolution "MORT AUX ENNEMIS DE LA REVOLUTION" dans sa dialectique du tuer; à cette logique il n'y a apparement aucune échappatoire. Le devoir de tuer au nom d'une vie meilleure. "L'herbe même / Nous devons l'arracher afin qu'elle reste verte" est la formule du caractère impitoyable avec lequel la révolution traite celui qui est marqué au fer comme un ennemi: "La révolution a besoin / de ton oui à ta mort". C'est le ton impitoyable d'un temps dans lequel on avance lentement, de façon torturée, dans la libération de l'homme en homme. Müller comprend la "révolutionisation" de la société, qui devient humaine, en une libération de la mort, dont les rêves inaccomplis demeurent la tâche des vivants. Mais la libération de la mort s'opère au ralenti. "...ce cas extrême n'est pas le sujet, mais l'exemple sur lequel on fait la démonstration du continuum de la normalité à faire éclater. La mort, dont la transfiguration dans la tragédie, ou le refoulement dans la comédie, constituent le fondement du théâtre des individus, est une fonction de la vie considérée comme production, un travail parmi d'autres, organisé par le collectif et organisant le collectif. POUR QUE QUELQUE CHOSE ADVIENNE, IL FAUT QUE QUELQUE CHOSE PARTE. LA PREMIERE FIGURE DE L'ESPOIR EST LA PEUR, LA PREMIERE APPARITION DU NOUVEAU L'EFFROI..." dit Müller dans sa Note sur Maüser. C'est une tentative qui s'oppose sans relâche, par un présent étiré, aux images de l'histoire. Il ne s'agit pas de rappels d'événements. Cela, au bout du compte, les machines le font mieux que nous : le rappel des faits. Il s'agit du rappel des émotions, des affects, qui sont en rapport avec les événements. D'une mémoire émotionnelle. Et c'est cela que les choses rappelées amènent à la conscience comme un matériau : le fait que l'on puisse, à partir de cette mémoire émotionnelle, construire des traditions, transmettre les expériences. Mauser reprend et critique la pièce d'éducation de Brecht La Décision. C'est une pièce chorale. Elle peut être jouée pour un public si le public est lui-même impliqué dans le jeu. Le public et les acteurs sont à la fois des "apprenants" (Lernende) et des "enseignants" (lehrende). La pièce ne traite pas du milieu, mais de la révolution, il ne s'agit pas là d'ethnologie, mais d'intégration, la révolution russe n'a pas changé seulement la "ville de Vitebsk", mais aussi le monde. La représentation ne doit pas montrer le milieu, mais l'esquisse du monde dans lequel nous vivons. Il ne s'agit pas de critiquer la situation, historique ou actuelle, mais de la rendre susceptible d'être comprise. Mauser est une pièce pour jeunes acteurs, qui ont plus devant eux que derrière eux. - Matthias Langhoff- 

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