« Familistère » est le nom donné par l’industriel Jean-Baptiste André Godin (1817- 1888) aux bâtiments d'habitation qu'il fait construire à Guise (Picardie), pour les ouvriers de son usine et leurs familles à partir de 1858 et jusqu'en 1883. L’ensemble architectural prévoyait :
• Le Palais social, formé d'un pavillon central encadré par deux ailes de taille un peu plus modeste, destiné à l'habitation. ( Dans le plan : les trois parallélogrammes)
• Le bâtiment des écoles et du théâtre, en face du pavillon central du Palais social
• La buanderie, bains et piscine, situé sur l'autre rive de l'Oise, du côté de l'usine
• L’usine, du côté est du Palais social.
« L’emplacement du Familistère que j’ai fondé à Guise était marqué par les besoins de la population nouvelle, attirée par le développement régulier de l’industrie que j’y avais créée. (…) Le plan général du Familistère comprend trois blocs de bâtiments principaux reliés entre eux. Les motifs qui ont fait diviser le Familistère en trois parallélogrammes sont étrangers à ce qu’on pourrait considérer comme une règle d’architecture. Créer des logements pour 1200 à 1500 personnes pouvait être une entreprise téméraire.
L’idée de relier entre eux des parallélogrammes se prêtait à un plan d’ensemble, qui pouvait se réaliser par des entreprises successives, et cela permettait, en même temps, de faire l’expérience réduite d’un fait nouveau pour ne pas donner lieu à des enseignements pratiques, dont il y avait à tenir compte dans les développements ultérieurs de l’oeuvre que je voulais fonder.
L’édifice des trois parallélogrammes dont le palais se compose renferme trois cours intérieures, autour desquelles s’élèvent le rez-de-chaussée et trois étages. (….). Les cours sont pavées d’un ciment dur et uni comme l’asphalte. Dix passages, au rez-de-chaussée, servent de communication entre les cours intérieures, la place centrale extérieure, la rue et les jardins ; ces passages donnent accès en même temps aux escaliers. Ces escaliers sont placés dans les angles des parallélogrammes; ils conduisent aux galeries qui, à chaque étage, servent de communication entre les logements.
Des corridors, allant d’une galerie à l’autre, font communiquer entre elles les trois cours intérieures, et permettent la circulation générale de la population dans toute l’étendue du palais. (…) Les logements du Familistère sont à double rang de chambres : les unes ayant vue sur la cour intérieure, les autres sur les façades extérieures ; cette disposition perme la ventilation complète de l’appartement. (…) Le palais social, placé près de l’atelier, permet à l’ouvrier de rentrer dans sa demeure, aussitôt son travail fini sans ajouter une fatigue nouvelle à la fatigue du travail ; il peut changer de vêtements si cela lui est nécessaire, et trouver immédiatement le repos pour réparer ses forces.
Ce qui ne peut avoir lieu dans beaucoup d’établissements où l’ouvrier a de grandes distances à parcourir pour retourner chez lui. En rentrant au Familistère, le père et la mère rencontrent leurs enfants sortant des écoles, la famille est aussitôt réunie pour le repas, qu’elle prépare facilement avec les ressources que le palais lui offre à ce sujet. »
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