Dans le numéro d’octobre 1933 du magazine Cinémonde, le critique Michel Gorel commente le film La rue sans nom de Pierre Chenal, en disant : «Tous les personnages de cette chronique désespérée appartiennent à un présent cuisant, à un présent où nous étouffons. Je dis réalisme, je dis aussi poétique. » La formule qui depuis ce moment désigne le cinéma des années trente était née. Ce « mouvement » a commencé dès 1933 avec les films de Jacques Feyder tout d’abord, suivi après par René Clair, Julien Duvivier, Jean Grémillon, Marcel Carné et Jean Renoir entre autres. Le grand écran se rempli de figures humaines du petit peuple et raconte leurs vies et leurs drames quotidiens
Les régisseurs de ce mouvement conçoivent la réalité comme un ensemble trop riche et compliqué pour pouvoir garder sa puissance sur l’écran. Ils se servent donc d’une reconstruction de la réalité, (les décors étaient en fait complément construit dans les studios) dont ils peuvent épurer de tout excès, de tout ce qui n’est pas utile, de tout détail superflu, afin d’arriver à une image dont on a soigné les détails, la lumière, l’espace, les voix, la couleur. Ce processus débouche dans la réalisation d’une image poétique, inventée à partir de ce qui est véritablement présent, mais transformée par l’œil du régisseur, pour la même démarche qui guide la poésie et la vision mentale du poète. Crémillon explique :
Le réalisme est la découverte du subtil que l’œil humain ne perçoit pas directement et qu’il faut montrer en établissant des harmonies, des relations inconnues entre les objets et les êtres, en vivifiant chaque fois cette source inépuisable d’images qui frappe notre imagination et enchante notre cœur.
René Clair , Sous les toits de Paris , Assistants-réalisateur Marcel Carné, Musique André Gailhard, Décorateurs Alexandre Trauner, 1930, Durée : 80 mn
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