lunedì 26 settembre 2011

Ai Weiwei, Chine





Revenu « calmé », disait-on, d’un séjour dans les geôles du pouvoir chinois, détenu au secret pendant 80 jours, Ai Weiwei était sorti de prison après avoir confessé des infractions d’évasion fiscale alors qu’il s’apprêtait à prendre un avion pour Hong-Kong.

Selon Reuters, l’artiste aurait été interrogé plus de cinquante fois, alors qu’il était censé être détenu dans deux endroits secrets. Ces interrogatoires répétés, en plus d’être une source importante de stress pour l’artiste, n’étaient pas du tout axés sur ce qui était censé être la raison de sa détention, à savoir ses fraudes économiques, mais sur sa participation à un projet artistique : Jasmine Revolution. Surveillé 24h sur 24 par deux policiers qui ne le laissaient jamais avoir une once d’intimité, contraint de porter une cagoule, il doit supporter le regard pesant de ces deux hommes, même pendant son sommeil, qui l’empêchaient de parler et à qui il devait demander l’autorisation d’aller aux toilettes ou de boire. Il était même tenu de dormir les deux mains bien en évidence posées sur sa couverture.

L’artiste Ai Weiwei, connu pour sa participation à la conception du stade national olympique de Pékin et populaire par ses sorties intempestives contre le régime et sa campagne pour rassembler les noms des 5026 enfants décédés lors du tremblement de terre survenu en 2008 dans la province du Sichuan, voit sa liberté de parole limitée, comme condition de sa libération.

Les esclaves de Pékin

Ai Weiwei n’aura pas tenu sa langue très longtemps. Prudent, dans un premier temps, il fait acte de contrition dans une interview au quotidien officiel Global Times le 9 août: «Renverser le régime par une révolution radicale ne peut résoudre les problèmes de la Chine. Le plus important, c’est un système politique scientifique et démocratique».

Une fausse piste pour mieux brouiller les esprits du parti. Le lendemain sur twitter, alors que son compte est scruté par les autorités, il dénonce les conditions de détention de quatre de ses collègues emprisonnés avec lui et réclame « équité et justice ».

Toujours sous la menace d’un emprisonnement pour « incitation à la subversion », l’ancêtre du « crime d’Etat », Ai Weiwei s’est confié pour la première fois au journal Newsweek prenant pour cible Pékin, ville symbole d’une Chine moderne et développée, un chantier permanent, cassé morceau par morceau, débarrassé sans préavis de ses quartiers traditionnels. « Une prison, un asile de fous » selon ses propres mots.

Dans cette tribune, Ai Weiwei dénonce ce modèle de développement kafkaïen et la violence sociale de cette course à la modernité : « Pékin est double. Une ville de pouvoir et d’argent où les gens ne se soucient pas de leurs voisins et une ville de désespoir. Chaque année, des millions de personnes arrivent à Pékin pour y construire les ponts, les routes et les habitations. Ce sont les esclaves de Pékin» écrit Ai. « Ils squattent dans des structures illégales, que la ville détruit à mesure qu'elle s'étend. A qui appartiennent ces habitations? Aux membres du gouvernement, aux magnats de l'industrie du charbon, à des dirigeants de grandes entreprises ».

A Pékin « vous verrez les écoles de migrants que l'on ferme. Vous verrez les hôpitaux où l'on pose des points de suture à des patients, à qui on les retire aussitôt en se rendant compte qu'ils n'ont pas d'argent ».

Pékin est un cauchemar permanent
Ai Weiwei n’épargne pas le système judiciaire qui ne lui inspire aucune confiance : « sans confiance, vous ne voyez rien, comme dans une tempête de sable. Une ville est un endroit qui peut offrir un espace de liberté maximal. Pékin n’a pas ces espaces de coexistence. Aucune de mes œuvres ne représentent Pékin. Je ne pense jamais au stade nid d’oiseau pour la simple raison que les Jeux Olympiques n’ont apporté aucune joie particulière aux gens ordinaires ».

Dans Newsweek, l'artiste évoque l' « épreuve » subie. « Il y a beaucoup d'endroits cachés où ils mettent les personnes sans identité. Sans nom, seulement un numéro. Seule votre famille hurle que vous êtes manquant. Mais vous n'obtiendrez aucune réponse des communautés de quartier ou des responsables ou même, aux niveaux plus élevés, du tribunal, de la police ou encore du président ».

Ai Weiwei poursuit sa diatribe par une référence au roman inachevé de Kafka, Le Château dans lequel l’auteur décrit les aventures de K., le héros du roman, tente d’entrer en contact avec les fonctionnaires inaccessibles du village qui résident au château. Kafka y traite notamment de l'aliénation de l'individu face à une bureaucratie rigide qui a coupé tout contact avec la population. Telle Pékin en Cité interdite du pouvoir communiste : « Cette ville n'est pas bâtie sur des personnes ou des bâtiments ou des rues, mais sur votre structure mentale. Les villes sont des maladies mentales. Pékin est un cauchemar. Un cauchemar permanent ».

http://artdatabank.blogspot.com/2011/06/ai-weiwei.html

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