martedì 11 febbraio 2014

Trois ans après la chute Moubarak, "Le Monde" a demandé à quatre jeunes artistes égyptiens de raconter leurs espoirs et leurs craintes à travers leurs oeuvres.

ANDEEL


PAROLES
Devant le mur
Devant celui qui l'a construit
Devant celui qui l'a élevé
Et devant celui qui le protège
Il y a un homme qui fait pipi
sur le mur, sur celui qui l'a construit, celui qui l'a élevé
L'homme fait pipi

Youssra el Hawary

Huda Lutfi

Jeté
2012
J'ai passé près d'un an à travailler sur cette œuvre, toute l'année 2012. Je voulais rendre hommage aux nombreux jeunes qui ont perdu leurs yeux pendant la révolution. La vue est extrêmement précieuse, et l'idée de la perdre est très choquante, en particulier pour un artiste.
J'ai pris de nombreuses photos d'yeux de personnes, certaines que je connaissais, d'autres croisées dans la rue. J'ai récupéré un millier de capsules de bouteilles, puis j'ai collé les photos d'yeux dans certaines capsules, et j'en ai laissé d'autres aveugles. Les capsules, on les jette après avoir ouvert sa bouteille. Je voulais faire un parallèle entre ces capsules et les yeux qui ont été perdus.
Quand le photographe est venu prendre des clichés de l'œuvre, son assistant a été très frappé. Il avait participé aux affrontements après la chute de Hosni Moubarak, pendant la transition militaire, fin 2011, et avait été touché par un tir au visage. Mais les plombs se sont logés dans son arcade sourcilière et il n'a donc pas perdu la vue.

 

Ahmed Hefnawy

Canette lacrymogène contre fusil
décembre 2013
Cette pièce fait partie d'une exposition montée avec trois amis, appelée Horreya (liberté) / Kharia (merde) (en arabe, seul un point différencie les deux mots). C'était un mini-musée sur ce qui s'est passé pendant la révolution.
J'ai représenté des bombes lacrymogènes parce que, dès le début de la révolution, la police en jetait un nombre incroyable sur les manifestants. Certains les rattrapaient pour les relancer sur la police. Puis les gens ont commencé à les récupérer dans la rue, en souvenir. Je suis même tombé sur une photo de mariage sur laquelle les mariés posaient tout sourire, en en tenant une fièrement à la main ! Comme une façon de prouver que la peur ne les atteignait pas.
J'ai détourné ces bombes en canettes lacrymo. Comme une boisson énergisante, pour donner du courage dans le combat. L'idée de l'œuvre avec le fusil face à la canette lacrymo est de faire une véritable œuvre de musée, présentée comme telle. J'ai figé le moment du coup qui part. Parce que le temps pourrait être bloqué depuis fin janvier 2011. Les forces de sécurité répriment toujours autant. C'est en fait la seule chose qui fonctionne toujours depuis trois ans, quelles que soit les personnes au pouvoir.

 



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