domenica 2 maggio 2010

Mahmoud Darwich, Une mémoire pour l’oubli

À l’hôtel Commodore, bunker des journalistes étrangers, un journaliste et écrivain américain m’interroge :
- Qu’est-ce que vous écrivez durant cette guerre ?
- J’écris mon silence.
- Voulez-vous dire que la parole est désormais aux canons ?
- C’est cela, leur voix domine toutes les autres.
- Que faites-vous alors ?
- J’appelle à la résistance.
- Sortirez-vous vainqueurs de cette guerre ?
- Non, mais ce qui compte c’est que nous survivions. Survivre, c’est cela notre victoire.
- Et ensuite ?
- Ensuite, une autre époque commencera
- Quand recommencerez-vous à écrire ?
- Quand les canons se tairont davantage, quand je ferai exploser mon silence plein de toutes ces voix, quand j’aurai trouvé un langage adéquat.
- N’avez-vous pas un rôle à jouer ?
- Non, je n’ai pas de rôle poétique maintenant. Mon rôle est ailleurs ; c’est d’être ici, avec les habitants, avec les combattants.

Une mémoire pour l'oubli
Le temps : Beyrouth
Le lieu : un jour d’août, 1982

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