giovedì 6 ottobre 2011

Et si ce tableau était le premier Rembrandt ?



Cette « Vieille dame », titre du tableau acquis il y a un an dans une vente judiciaire lyonnaise pour la somme de 130 euros, est-elle la mère de Rembrandt ? Et son portrait a-t-il été réalisé en 1625 par le plus grand maître hollandais du XVII e siècle lui-même (ce qui en ferait sa première œuvre) ? C’est la question que se pose un Lyonnais de 42 ans, issu d’une famille d’amateurs d’art, père d’une famille nombreuse, ayant travaillé dans les milieux de l’assurance, et à laquelle l’enquête qu’il mène sans relâche auprès du monde de l’art depuis son acquisition lui permet de répondre aujourd’hui par l’affirmative.

Tout commence par un panneau de bois de 23,8 cm x 18 cm, figurant une « vieille dame », mis à prix à 80 euros il y a un an dans une vente aux enchères judiciaire lyonnaise. Au dos du tableau, sont apposés un cachet de cire ainsi qu’une étiquette en papier ancien, écrite en russe et sur laquelle figure un numéro. « Je suis entré à l’improviste dans cette salle des ventes, comme je le fais souvent, et ce tableau a attiré mon attention. Je l’ai acheté pour 130 €, et je l’ai posé chez moi. Et puis le personnage qu’il représentait m’habitait de jour en jour. Il fallait absolument que je sache qui c’était », explique cet amateur.

C’était il y a un an et il ne savait pas alors qu’il allait se lancer dans une enquête policière, historique et scientifique acharnée ! Un expert de ses connaissances à qui il montre pour commencer le tableau constate d’abord que sur le cadre, visiblement postérieur au tableau, est inscrit le nom de Dietrich, pasticheur allemand de Rembrandt, assez connu au XVIII e siècle. Or, en étudiant ce dernier, notre « détective » de l’art se fait confirmer que Dietrich avait l’habitude de signer ses copies et qu’il ne faisait pas de portraits. Le tableau aurait donc pu, à un moment donné de ses pérégrinations, être hâtivement attribué au pasticheur. Ce que lui confirme la maison Christie’s qui reconnaît bien dans le personnage représenté, la mère de Rembrandt, sans pour autant en déduire que c’est bien ce dernier qui aurait peint, une fois de plus mais peut-être ici pour la première fois, sa mère. Cette dernière apparaît en effet régulièrement dans l’œuvre du maître, par exemple sous les traits d’une prophétesse dans « La Ronde de nuit », son plus célèbre tableau.

A force de s’arracher les yeux sur son tableau, notre Lyonnais y découvre, dans le bas à droite, un « R » majuscule comme le peintre avait l’habitude de signer ses œuvres. Troublant. Il apporte alors son achat à l’Atelier du temps passé, un célèbre atelier de restauration parisien dont la responsable mitraille le tableau au microscope numérique et lui conseille d’amorcer un parcours scientifique afin de tenter de l’authentifier.

Le premier examen pratiqué, une radiographie, fait alors ressortir des détails invisibles à l’œil nu : une signature complète et une date, 1625, avec un « 6 » à l’envers, comme avait l’habitude de l’écrire le maître… Si le tableau est authentique, il a donc une double valeur : ce serait d’une part le premier tableau de Rembrandt, alors âgé de 19 ans et qui vivait chez ses parents en 1625, et le seul où sa mère serait représentée de face… Prochaine étape dans l’authentification : la spectrométrie à infrarouges, que l’Institut royal de Belgique lui propose d’exécuter, pour une somme bizarrement symbolique, en janvier prochain.

« L’autre piste, c’était celle du cachet de cire au dos du tableau, qui désignait habituellement le propriétaire du tableau et dont j’ai envoyé la photo un peu partout dans le monde. Sur ce cachet figure un aigle couronné tenant un globe crucigère et un sceptre, ainsi que la fin d’un mot : ISE… »

Le service des sceaux, au ministère de la Culture, qui lui a répondu, estime pouvoir le « rapprocher sans trop de difficultés d’une marque officielle impériale. Son style semble remonter à la deuxième moitié du XVII e siècle », ce qui fait remonter a priori le tableau à une date antérieure.

Après de nombreuses recherches, l’hypothèse du propriétaire du tableau est la suivante : on serait ici en présence du sceau du roi de Prusse Frédéric-Guillaume 1 er, qui se trouvait précisément en Hollande de 1620 à 1636 et qui aurait offert la toile à son épouse Louise (d’où le « ISE ») d’Orange Nassau, très éprise d’art. Cette Louise est d’ailleurs une ascendante de Beatrix, l’actuelle reine des Pays-Bas…

Comment ce tableau s’est-il retrouvé à Lyon ? Mystère. Beaucoup de tableaux de maître ont disparu et continuent de réapparaître régulièrement au fil des guerres, des alliances, des héritages. « Ce tableau est vivant, et il me dit : défends-moi ! » soutient son propriétaire actuel, qui l’a bien entendu soigneusement caché en attendant son authentification.

Françoise Monnet


http://www.leprogres.fr/france-monde/2011/10/06/cette-vieille-femme-est-peut-etre-la-mere-de-rembrandt-et-son-premier-tableau

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